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Ile Ferdinandea.
Réapparition de l'île engloutie
Immergé
au large de la Sicile, un îlot volcanique est sur le point de remonter
à la surface pour la cinquième fois en deux mille ans d'existence.
Sicile
12/12/2002 - Le réveil de l'Étna, en octobre dernier, risque
de faire resurgir un lopin de terre submergé par les eaux, dans
le détroit de Sicile, au large de Sciacca (port de pêche
sur la cote sicilienne occidentale). Sous la pression du magma, l'île
Ferdinandea a déjà surgi des abysses à quatre reprises
avant de replonger à nouveau. Dernière apparition : 1831.
En moins d'un mois, l'îlot avait alors atteint 4 800 mètres
de circonférence et 63 mètres de hauteur, suscitant ainsi
les convoitises des grandes puissances maritimes. Mais depuis, il gît
entre 10 et 25 mètres sous l'eau et n'attire guère plus
que les adeptes de la plongée sous-marine.
Le président de l'Institut national italien de géophysique
et de vulcanologie, Enzo Boschi, a expliqué que la reprise de l'activité
du volcan sicilien correspond à une secousse sismique intense qui
a ébranlé l'archipel d'îles volcaniques voisines,
des îles Éoliennes au nord jusqu'à l'île Ferdinandea
de l'autre côté de la Sicile. Depuis, le sommet immergé
de l'île Ferdinandea remonte à la surface : en mars 2001,
il se trouvait à huit mètres de profondeur et en septembre
dernier, à moins de six mètres. De plus, les eaux qui entourent
l'îlot se réchauffent : à 36 mètres de profondeur,
la température autour de l'île était montée
de 16 à 21 degrés. Signe d'une intense activité sismique.
La Grande-Bretagne, l'Italie, la Tunisie et la Libye risquent de revendiquer
l'île Ferdinandea. Mais en cas de nouvelle émersion, qui
dit qu'elle ne replongera pas quelques mois plus tard
Naissance d'une île en direct
Près des côtes italiennes de la Sicile, une île enfouie
sous la mer s'apprête à montrer une nouvelle fois le bout
de son nez.
Il y a presque deux cent ans, la petite île Ferdinandea, située
près des côtes de la Sicile, avait été submergée
par les eaux. A cause du réveil de l'Etna, un volcan tout proche,
elle est en train de remonter à la surface.
Le volcan sicilien s'est réveillé fin octobre, crachant
fumées et coulées de lave. Il a provoqué des secousses
dans tout l'archipel et une peur bleue chez les habitants. Des scientifiques
se sont alors souvenus de l'existence de l'île Ferdinandea. Ils
sont allés voir comment elle avait réagi au choc.
Les cartes maritimes actuelles placent le sommet de l'île à
environ huit mètres de profondeur. Mais les derniers relevés
sont différents : le sommet n'est plus qu'à 5,70 mètres
de la surface de l'eau ! En plus, la température à l'intérieur
des roches a augmenté de sept degrés. Signe d'une activité
débordante
Ce n'est pas la première fois que l'île joue au yo-yo de
cette façon. Ferdinandea est déjà apparue et disparue
quatre fois. Sa dernière " naissance " date de 1831.
L'île avait atteint 63 mètres de haut avant de disparaître
à nouveau. A l'époque, la marine anglaise avait planté
son drapeau sur le monticule, s'attirant les foudres de l'Italie qui revendiquait
elle aussi le territoire. Cette fois, à qui appartiendra Ferdinandea
?
mardi 26 novembre 2002, 18h04
Photographie
d'une gravure de l'île volcanique Ferdinandea, réalisée
en 1831 par l'artiste sicilien Benedetto Marzolla. L'île, située
au large de la Sicile et appelée Graham Island par les Britanniques,
est restée submergée au cours des 170 dernières années.
L'activité sismique est telle dans la région qu'elle a des
chances de refaire surface dans les prochaines semaines. La dernière
apparition de l'île formée par le sommet du volcan avait
donné lieu à des querelles territoriales entre la Grande-Bretagne,
l'Espagne et la Sicile, qui la revendiquaient.
par Constant Prévost
le 27, 28, et 29 septembre 1831
Cet extrait de texte, du bulletin de la Société Géologique
de France, séance du 7 novembre 1831, relate le débarquement,
l'exploration et l'étude de l'île volcanique, qui surgit
en juillet 1831, entre l'île de Pantelleria et la Sicile. L'apparition
et la disparition de cette île au bout de quelques mois, fut à
l'époque un événement naturel de première
importance pour les géologues, les sociétés scientifiques
et des écrivains comme Alexandre Dumas. L'apparition de cette île
intéressa également les amirautés. Cette île
apparut si soudainement en Méditerranée, devenait, en effet,
un site stratégique important et les flottes anglaises, du royaume
de Naples, de France débarquèrent et plantèrent leur
drapeau sur cette île mystérieuse. De ce fait cette île
fut baptisée successivement Nérita, de Ferdinandea, de Gaem,
de Hotham, de Corao et de Julia.
Julia fut surtout une révélation pour les géologues
de l'époque qui se disputaient entre deux écoles : ceux
des cratères de soulèvement et ceux des cratères
d'accumulation. L'existence de ces deux écoles témoignent
d'une connaisssance encore parcellaire sur la morphologie et la mise en
place des reliefs volcaniques. Constant Prévost en décrivant
parfaitement la structure de l'île Julia, veut démontrer
qu'il n'est pas en présence d'un cratère de soulèvement,
mais d'un cratère dû à l'accumulation de projections
et de lambeaux volcaniques de part et d'autre de la bouche explosive.
Ce volcan sous-marin refait depuis quelques mois parler de lui et des
plongées ont été réalisées par une
équipe italienne, qui a déjà posé une plaque
http://www.educeth.ch/stromboli/others/ferdinandea/ferdinandea02-en.html
Le texte de Constant Prévost :
"Nous dépassâmes l'île Maretimo, et le soir, sur
les cinq heures, la vigie placée dans les mâts signala une
terre de laquelle s'élevait de la fumée ; étant monté
sur les hunes, nous aperçûmes en effet distinctement l'île
qui avait assez bien la forme de deux pitons réunis par une terre
plus basse.
Nous étions à 18 milles, et nous voyions par moment des
bouffée d'une vapeur blanche qui s'élevaient du côté
du Sud, principalement à une hauteur double de celle de l'île
; à plusieurs reprises et lorsque nous étions sous le vent,
nous sentîmes une odeur sulfureuse plus analogue à celle
de la lignite pyriteuse en combustion qu'à celle de l'hydrogène
sulfuré.
Le 26 septembre, le vent étant contraire et la mer très
grosse, nous fûmes obligés de nous éloigner ; dans
la nuit du 26 au 27, nous fûmes même assaillis par une tempête
affreuse. Les yeux fixés sur le point où devait se trouver
le volcan, pour voir si quelque lueur s'en échappait, je n'aperçus
aucun indice d'éruption lumineuse ; seulement l'odeur sulfureuse,
qui arrivait par intervalle jusqu'au bâtiment, était suffocante.
Le 27 au matin, nous parvînmes à nous rapprocher, malgré
une mer très houleuse ; vers midi, nous étions à
8 milles environ, alors nous tournâmes l'île, et pûmes
en prendre un grand nombre de vues sous différents aspects. Elle
paraissait comme une masse noire, solide, ayant tantôt la forme
d'un dôme surbaissé, dont la base était triple de
sa hauteur, tantôt celle de deux collines inégales, séparés
par un large vallon : ses bords s'élevaient à pic, à
l'exception du côté d'où la vapeur sortait avec plus
d'abondance ; celle-ci s'échappait visiblement de la surface de
la mer et même à une assez grande distance (30 à 40
pieds).
Les arêtes vives des escarpements, la couleur d'un brun brillant
et parfois gras de ces faces abruptes, la forme générale
de l'île rappelaient un massif de roches solides ; et si, me laissant
guider par l'analogie, j'avais dû m'en tenir à des conjonctures,
j'aurais cru avoir sous les yeux un cirque formé par du basalte,
de la serpentine ou du porphyre, figurant un véritable cratère
de soulèvement, dans le centre duquel l'eau de mer serait venue
s'engouffrer, ainsi qu'on l'a avancé dans les relations précédentes
; toutes ces apparences m'auraient conduit à une erreur, ainsi
que les observations des jours suivants me l'ont démontré.
La nuit du 27 au 28 fut encore très orageuse et la mer était
très forte. Le 28 au matin, nous pûmes cependant approcher
jusqu'à deux milles, et voir alors distinctement que la vapeur
s'élevait, non seulement de la mer, mais encore d'une cavité
séparée de celle-ci, par un bord très mince, du côté
du Sud.
Quoique nous voyions la mer briser avec une grande violence sur toute
la circonférence de la falaise à pic, je demandai au capitaine
à faire une tentative ; un autre motif d'appréhension était
la couleur d'un jaune verdâtre de l'eau qui entourait l'île,
couleur qui contrastait avec celle d'un bleu indigo de la pleine mer,
et qui semblait annoncer soit des écueils, soit des courants rapides,
dans une eau modifiée par l'action volcanique souterraine.
A midi la mer était un peu tombée, le capitaine voulut bien
faire mettre un canot à notre disposition. En moins d'une heure,
nous arrivâmes sur les brisans ; nous reconnûmes alors que
ceux-ci étaient produits par la lame qui venait frapper avec force
contre une plage courte, et terminée brusquement par une pente
rapide et non par des roches solides. L'eau vert-jaunâtre dans laquelle
nous étions et qui était couverte d'une énorme écume
rousse, avait une saveur sensiblement acide, toutefois moins amère
que celle de la grande mer. Sa température était aussi plus
élevée, mais de quelques degrés seulement, de 21
à 23°. Nous sondâmes à environ 30 brasses du rivage,
et nous trouvâmes le fond à 40 ou 50 brasses. 
Nous nous étions dirigés vers le seul point où, de
la surface de l'île, on peut descendre par une pente douce vers
la mer ; c'est une espèce de golfe.
Les vagues roulaient sur elles-mêmes en s'élevant de 12 à
15 pieds lorsqu'elles frappaient le rivage, à 30 pieds sur notre
gauche ; ces vagues semblaient s'élancer en vapeur dans l'atmosphère
; à une pareille distance à droite, la mer semblait briser
sur un banc qui se serait étendu à plus d'un mille au large.
Les marins pensèrent, d'un commun accord, qu'il y aurait imprudence
à tenter le débarquement dans ce moment.
Nous n'étions qu'à 40 brasses de l'île, je pus bien
à cette distance me convaincre qu'au moins pour la partie que nous
avions sous les yeux, l'île était formée de matières
meubles et pulvérulentes (cendres, lapilli, scories), qui étaient
retombées, après avoir été projetées
en l'air pendant les éruptions.
Je n'aperçus aucun indice de roches solides soulevées ;
mais je reconnus bien distinctement l'existence d'un cratère ou
entonnoir presque central, duquel s'élevaient d'épaisses
colonnes de vapeur, et dont les parois étaient enduites d'efflorescences
salines blanches.
Deux marins gagnèrent l'île à la nage, et s'élevèrent
jusqu'au bord du cratère, marchant sur des cendres et des scories
brûlantes, et au milieu des vapeurs qui s'exhalaient du sol ; ils
nous annoncèrent que le cratère était rempli d'une
eau roussâtre et bouillante, formant un lac d'environ 80 pieds de
diamètre. Parmi les morceaux rapportés, je trouvai un fragment
de calcaire blanc, ayant tous les caractères de la dolomie.
Dans la nuit du 28 au 29, nous fûmes portés par des courants
vers les côtes de Sicile, et nous trouvâmes le matin à
plus de 6 milles du volcan, sans pouvoir en approcher davantage. Le calme
étant survenu, un canot fut de nouveau mis à la mer vers
dix heures ; j'avais fait mes préparatifs, fait disposer des bouteilles,
des flacons, des boites de fer-blanc, nous prîmes des thermomètres,
et une machine faite à bord pour puiser l'eau à différentes
profondeurs.
Les observations faites les 26, 27 et 28 par le capitaine, M. Lapierre,
l'ayant convaincu que le nouveau volcan n'est pas placé sur le
point où Smith indique dans sa carte marine le banc de Nerita ;
qu'au contraire, cet îlot volcanique est situé sur un fond
qui avait 5 à 700 pieds d'eau ; nous pensâmes ensemble qu'il
y aurait de graves inconvénients pour les marins à donner
à la nouvelle île le nom de Nerita qui a déjà
été proposé ; et comme le phénomène
a paru dans le mois de juillet, nous convînmes de désigner
la nouvelle île sous le nom de Julia, nom sonore, dont la terminaison
italienne et harmonieuse peut facilement être adoptée par
les habitants les plus rapprochés ; en conséquence nous
préparâmes une planche de deux pieds de long, sur laquelle
nous clouâmes une bande de drap bleu de six pouces de large et une
autre de drap rouge de pareille largeur. Sur sa parie moyenne, peinte
en blanc, j'écrivis en lettre de trois pouces de hauteur :
ILE JULIA
Etat-major du brick La Fléche,
MM. C. Prévost, professeur de géologie à Paris,
E. Joinville, peintre.
27, 28, et 29 septembre 1831
Nos mîmes deux heures à traverser l'espace qui séparait
le brick du volcan.
A un mile de distance, nous commençâmes à traverser
des courants d'au jaunâtre, dont je remplis quelques bouteilles
et pris la température. Des courants de pareille couleur semblaient
partir, comme des rayons, d'une zone semblable qui entourait l'île.
La sonde nous donna 40, 50 et 60 brasses dans les eaux, en approchant
de l'île jusqu'à 200 pieds des bords. A un mille, on trouvait
100 brasses.
Abordés à une heure et demie, nous nous distribuâmes
les rôles. MM. Aragon et Barlet, directeurs de l'expédition
maritime, se chargèrent de mesurer la circonférence de l'île,
qu'ils trouvèrent être d'environ 700 mètres sur 70
de hauteur ; le docteur Baud fit toutes les expériences thermométriques.
M. Defranlieu fit sonder dans le cratère et puiser de l'eau dans
les diverses profondeurs et sur les différents bords. M. Joinville
prit des dessins, parmi lesquels se trouve une vue de l'intérieur
du cratère. Enfin, M; Derussat fit hisser le pavillon tricolore
sur le point le plus élevé de l'île et fixer l'écriteau
que nous avions préparé ; non pas pour prendre possession,
par une vaine et ridicule cérémonie, d'un tas de cendres
surgi au milieu es mers, mais pour constater notre présence, et
pour apprendre à ceux qui viendront après nous que la France
ne laisse pas échapper l'occasion de montrer l'intérêt
qu'elle prend aux questions scientifiques dont la solution peut étendre
le domaine des connaissances positives. (cliquez
pour agrandir)
Je me mis en devoir de parcourir tous les points de notre îlot pour
rechercher surtout si en quelque endroit des matières appartenant
au fond de la mer, n'auraient pas été soulevées ou
projetées. Après avoir gravi la plus haute cime au milieu
des scories brûlantes, après avoir deux fois fait le tour
entier des falaises, je fus assuré que ce monticule dont la base
était peut être à 5 à 600 pieds dans la mer
était entièrement composé, comme je l'avais présumé
le 28 de matières pulvérulentes, de fragments de scories
de toutes les dimensions, jusqu'à celle de 2 pieds cubes au plus
; je trouvai quelques blocs dont le centre très dur avait l'aspect
et la consistance de la lave, mais ces masses globulaires avaient été
projetées.
Enfin, l'îlot entier me parut être, comme tous les cratères
d'éruption, un amas conique autour d'une cavité également
conique, mais renversée. En effet, examinant les parois intérieures
du cratère, on voit que celle-ci ont une pente d'environ 45°
et dans les coupes latérales produites par les éboulements,
on distingue que la stratification est parallèle à cette
ligne de pente, tandis que du côté extérieur les mêmes
matériaux sont disposés dans un sens opposé.
Quand à la coupure à pic des falaises, il est facile de
voir qu'est l'effet postérieur des éboulements causés,
soit par des secousses imprimées au sol, soit plus probablement
par l'action des flots qui, entraînant les matières meubles
accessibles à cette action, ont successivement miné les
bords ; ceux-ci se trouvant en surplomb sont tombés ; tous les
jours ils se dégradent ; et c'est déjà aux dépens
des éboulements qu'il s'est formé autour de l'île,
une plage, sorte de bourrelet de 15 à 20 pieds de largeur qui se
termine brusquement en pente dans la mer.
D'après cette manière de voir, il est facile de reconnaître
que les éboulements continuant à avoir lieu par la cause
qui les produit tous les jours, l'île s'abaissera graduellement,
jusqu'à ce qu'une grosse mer venant à enlever tout ce qui
restera au-dessus de son niveau, il n'y aura plus à la place qu'un
banc de sable volcanique, d'autant plus dangereux qu'il sera difficile
d'en avoir connaissance à quelques distance.
Les bords actuels du cratère sont d'inégales hauteur et
épaisseur. Du côté du Nord, l'élévation
est d'environ 200 pieds, tandis qu'elle n'est que de 30 ou 40 au Sud.

L'eau contenue dans le cratère paraît être au niveau
de la mer, elle est d'un jaune orange, couverte d'une écume épaisse
; les scories qui bordent le bassin sont enduites de fer hydroxidé.
Des vapeurs blanches s'élèvent continuellement, non seulement
de la surface de l'eau qui semble être en ébullition, mais
de tout le sol, par de nombreuses fissures. C'est surtout du côté
Sud que ces vapeurs sont les plus abondantes, et comme je l'ai déjà
dit, elles sortent de la plage, et de la mer elle-même, en dehors
du cratère. Aussi n'est ce pas sans peine que nous parvînmes
à faire le tour complet de l'île, en passant à travers
cette étuve de vapeurs brûlantes, et parfois suffocantes,
car l'odeur sulfureuse n'était pas toujours sensible, lorsque nous
étions au centre de la colonne de vapeur. Dans un espace, qui peut
avoir 50 à 60 pieds de long, le sable noir de la plage est véritablement
brûlant ; le thermomètre indiquait sur le sol baigné
par la mer, à chaque flot, une température de 81 à
85 ° ; l'eau qui restait dans les dépressions semblait bouillir
; mais en y plongeant la main je ne la trouvai pas assez chaude pour qu'elle
pût s'évaporer ; enfonçant ma main à quelques
pouces dans le sable brûlant de la surface, je le trouvai frais.
Dans une de ces expériences, l'un de mes doigts s'étant
trouvé sur le trajet d'une bulle de gaz ou de vapeur qui, visiblement
était partie d'une grande profondeur, je fus vivement brûlé,
et convaincu que l'ébullition était produite par des bulles
qui venaient de l'intérieur de la terre ; chacune d'elles projetait
même avec une légère détonation, du sable et
des grains volcaniques représentant autant de petits cratères
d'éruption. Parmi ces milliers de volcan en miniature, j'en fis
remarque un qui me servit à donner à mes compagnons de voyage
une idée de la manière dont l'île Julia avait été
formée. Il avait environ un pied de diamètre, c'est-à-dire
que le sable et les scories lancés continuellement par lui, jusqu'à
2 pieds de haut, avaient formé autour de la bouche d'éruption
une sorte de taupinière d'un pied de base sur 5 à 6 pouces
de hauteur, je fis ébouler les parois extérieures de ce
cône, et j'en fis un cratère semblable à l'île
Julia.
Je cherchai en vain à enflammer le gaz qui s'échappait ainsi
du sol ; il me parut sans odeur ; mais à quelques pas, des vapeurs
sulfureuses sortaient des parois du grand cratère, et déposaient
du soufre et du muriate de soude sur les parois environnantes ? L'eau
du bassin intérieur était à une température
de 95 à 98°. J'avais promis une prime aux matelots qui me rapporteraient
des cailloux blancs ou jaunes et des coquilles ; j'ai rassemblé
plusieurs des premiers, et j'en ai trouvé moi-même mêlés
avec les produits volcaniques. Ils sont altérés, et ils
ont été projetés du fond avec les scories.
Tout me porte à croire que ce volcan a produit des coulées
de laves sous-marines ; et si comme cela est présumable, l'apparition
du cratère d'éruption a été précédée
du soulèvement du sol qui paraît avoir été
de 5 à 600 pieds au-dessous du niveau de la mer, il doit exister
autour de l'île Julia, une ceinture de roches soulevées qui
seraient le bord de cratère de soulèvement ; peut être
cette nouvelle disposition du fond est-elle la principale cause de la
coloration particulière en vert jaunâtre des eaux de la mer,
à une assez grande distance de l'île, et des courants qui
se manifestent autour, et n'existaient pas avant l'apparition du phénomène
volcanique.

Une île suscitant toutes les convoitises.
Cette île fut, lors de son apparition en 1831, déclarée
propriété de l'Angleterre, du Royaume de Naples et de France.
Elle porta les noms suivant : Nérita, de Ferdinandea, de Gaem,
de Hotham de Corao et de Julia. Et si elle refaisait surface, qui donc
revendiquerait l'île comme étant sa propriété
? (NDRL : Nous ! lol)
Bibliographie :
- Constant Prévost (1831) : Lettre relatant l'exploration de l'île
de Julia. Bulletin de la Société Géologique de France,
II, p. 32-36.
- Société Géologique de France (1831) : Rapport sur
les travaux de la société en 1831, p. 236-247.
- Alexandre Dumas (1988) : Le Speronare, éditions Desjonquères,
p. 146-149
- Maurice Krafft (1991) : Les feux de la Terre (Histoires de volcans),
Gallimard Découverte. p 106-107.
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